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Archive for avril 2011

Cette semaine, gros tirage de chapeau à une artiste française qui m’épate,  Alice Lewis ! Dès que l’on entend ce nom, Alice-Lewis Carroll-au pays des merveilles,  on imagine un univers original, onirique, entre naïveté et psychédélisme, douceur et danger. Et on tape dans le mille !

Sur « No one Knows we’re here« ,  premier album très réussi, Alice Lewis se place dans les traces  de Kate Bush, sa principale influence revendiquée. Elle compose une pop naïve mais emplie de tensions, de frissons. Sa musique évoque un monde psychédélique au bord du fantastique. Les textes sont de petites histoires douces-amères, descriptions de sentiments évoqués par touches impressionnistes. Il y a du fond, la forme est ciselée, on est devant du bel ouvrage. Ajoutons qu’elle met en musique du William Blake et hop, ça fait tilt chez beaucoup d’entre vous…

Kate Bush, William Blake, Lewis Carroll, voici un fort joli attelage conduit par Miss Alice. Sa voix et son charisme portent le tout à des sommets de rêveries mélancoliques plus atteints par une artiste hexagonale, depuis peut être les premiers albums de Mylène Farmer et Emilie Simon.

Ajoutons à cela, de grosses résonances asiatiques, résultat d’un séjour de la chanteuse en Chine ;  une pléiade d’instruments vintage et exotiques et on obtient un disque de pop mondialisée, fraiche et addictive.

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Culturellement très éloigné de l’univers hip-hop, moi qui ai grandi dans une ferme montagnarde, j’apprécie néanmoins le rap français mais sous certaines conditions. Il me faut des instruments qui groovent, des scratches old school, un discours intelligent posé sur une langue riche et des tentations expérimentales. Bref j’aime le rap en fusion de La Caution, Hocus Pocus, Disiz ou Zone Libre par exemple.

La Canaille réunit ces ingrédients pour la seconde fois sur « Par temps de rage », le digne successeur de « Goutte de miel dans un litre de plomb ». Des invités de talents viennent épauler les compositions de la formation de Marc Nammour, comme Napoléon Maddox le leader de Iswhat?!, trio hip hop US qui fusionne rap et free jazz et également Michel Benita contrebassiste français déjà vu aux cotés de Lee Konitz, Truffaz, Aldo Romano ou Archie Shepp. Avec « Par temps de rage », on est loin des instrus bling bling du cirque hardcore hexagonal. Ici pas de featurings prestigieux avec P. Diddy, pas de punch lines bodybuildées mais un disque ciselé et précieux.

Quelques vidéos de promotions pour vous donner une petite idée :

Teaser 1 :

Teaser 2 :

Teaser 3 :

Teaser 4 :

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Calvin Russell est décédé hier d’un cancer du foie. Une maladie de pauvre aurait dit Coluche…Logique pour celui qui a chanté la marge, la déglingue et la misère une grande partie de sa vie. Avec Calvin qui s’en va, on perd un ami. Personnellement, sa musique aura pansé pas mal de plaies. Il m’a accompagné durant mes heures sombres, soigné par sa voix grave et chaude.

Calvin est né au Texas, en 1948. Il passe son enfance dans le bar -restaurant où travaillent ses parents. A 12 ans, il monte son premier groupe de rock mais attrapé par le démon de la route, il fugue et passe son adolescence à faire des conneries. Moitié hobo, moitié délinquant, son refus du conformisme le conduira à passer de nombreuses années au frais.

A la fin des années 80, se présente le « crossroads », ce carrefour qu’il a tant de fois chanté. A Austin, où il se produit dans le circuit des musiciens country, il recontre Patrick Mathé, le co- fondateur du label français New Rose. Ce label, véritable  dénicheur d’outsiders et autres cramés du rock & roll, a déja signé d’illustres punks tels que Johnny Thunders ou Jeffrey Lee Pierce. Mathé met vite le grappin sur Calvin Russell et va l’aider à produire ses deux premiers albums « A Crack in time » et « Sounds for the fourth world ».

Héritier légitime de Leadbelly, chroniqueur social aussi talentueux que Woody Guthrie, il est également un cousin musical des Outlaws country comme Cash, Jennings, Nelson et Kristofferson. Malgré un talent certain, un charisme scènique indéniable, il ne perce pas aux USA. Trop sulfureux, son mode de vie et son goût pour l’herbe le conduisent trop souvent en prison. Il joue une musique de noir et a en en plus le défaut d’être en partie de sang comanche. Ca fait beaucoup pour un texan mais c’est l’idéal pour impacter de plein fouet un public français, qui raffole de ce type de personnage, le héros maudit et solitaire de l’Ouest ! Le succès en Europe ne le quittera plus. Il sillonnera inlassablement les routes européennes jusqu’à sa mort ce dimanche 3 avril.

Calvin Russell n’était pas le génie du blues. Il avait certainement tout dit sur ses quatre premiers albums mais c’est dans sa voix que se trouvait l’essentiel. Il était de ces artistes, comme Johnny Cash, Bruce Springsteen ou Mano Solo qui trimballent une mémoire collective dans le grain de leurs vocalises , ce supplément d’âme qui vous transporte si loin dès qu’ils ouvrent le bec. C’était donc sur scène qu’il explosait, sur la route, toujours, clochard céleste, troubadour infatigable qui a fini par s’arrêter à un autre carrefour.

Te voila Calvin, à nouveau devant ce putain de crossroads ! Dans ta chanson, tu disais qu’une route mène au paradis, une route mène à la douleur, une route mène à la liberté mais cette fois-ci, je sais que tu as trouvé la bonne. Adieu l’ami, je pleure et je ris.

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