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Talé

Talé / Salif Keita. Emarcy, 2012.

Légende vivante de la musique malienne, sage parmi les sages, Salif Keita ne sort de sa retraite uniquement que pour nous gratifier de pépites musicales dont il a le secret.

Et c’est bien encore le cas avec « Talé » où le prince malien s’associe avec Philippe Cohen-Solal, tête pensante des mythiques « Gotan Project ». Ce duo de génies de la composition accrocheuse a accouché d’un album d’une sonorité époustouflante, faisant swinguer l’instrumentarium mandingue au milieu de textures électroniques.

Ajoutez à cela, la participation de pointures telles que Manu Dibango au saxo, Esperanza Spalding à la contrebasse, Bobby McFerrin au chant et vous obtiendrez un disque de musique africaine du 21ème siècle, d’un équilibre exceptionnel entre tradition et modernisme.

Avec cet album, faites moi confiance, vous allez mettre vos oreilles en vacances !

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Aujourd’hui, je tire un grand coup de chapeau à Boubacar Traoré, un des plus grands musiciens africains. Né à Kayes au Mali, en 1942, il devient une immense star dans les 60’s quand le Mali accède à l’indépendance. On l’entend alors partout sur les ondes chanter la liberté. Malheureusement, il ne sort pas de disques et un changement de régime le contraint à l’exil en France et en Angleterre où il sombre dans l’oubli.

Heureusement pour nous, à la fin des années 80, un journaliste anglais va tomber sur des enregistrements de Boubacar à Radio Mali. Enchanté par la musique de Kar Kar, il décide de le retrouver pour le signer. Ainsi ce grand guitariste sortira « Mariama » son premier album en 1990.

Suivront les albums « Kar Kar », « Les enfants de Pierrette », « Sa Golo », « Macire », « Kongo magni », jusqu’à « Mali Denhou » son dernier album qui vient de sortir début 2011.

Avant tout, Boubacar est un grand guitariste de blues. Certes son blues est africain, plus exactement mandingue. Il adapte à la guitare folk, les techniques et gammes utilisées sur la Kora malienne et y ajoute les gammes habituelles du blues américain. Tout cela sonne merveilleusement grâce à son toucher sensible. Sans esbrouffe, avec originalité, il redonne vie à une langue morte, celle de la guitare blues.

Mais par dessus tout, il y a la voix. Elle n’est pas extraordinaire, elle est à l’image du bonhomme, humble mais profonde, riche d’intonations. Surtout, cette voix chante les joies et les peines du peuple malien, le dureté de la vie et la vaillance des coeurs. Evidemment, on ne comprend pas un traitre mot de ce qu’il chante mais on saisit le sens profond de cette musique. Kar Kar chante pour réparer. Il nous soigne, nous lave de nos peines. Avec « Mali Denhou », en un peu moins d’une heure, vos soucis s’envolent. Boubacar Traoré est un grand père idéal ! Il sort un disque, part en tournée puis rentre chez lui, cultiver son lopin de terre, nourrir ses moutons…comme le vrai et dernier bluesman rural qu’il est !

Extrait de Mali Denhou, Minuit / Boubacar Traoré

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Le Mali nous donne décidément des artistes fabuleux, les grands Ali Farka Toure, Salif Keita, Toumani Diabaté dont les disques font résonner l’âme africaine à nos oreilles pâlottes !! On médiatise beaucoup en France depuis quelques années, la magnifique Rokia Traoré, à juste titre tant son talent est grand.

Cependant je lui préfère  la belle et plantureuse Oumou Sangare ! La voix d’ Oumou me dépayse, j’y sens les rues de Bamako, le blues de l’enfant qui chantait pour nourrir sa famille, la voix qui chante la condition féminine. Sur son dernier album « Seya » qui vient de paraitre, ça envoie du gros ! J’aime autant vous dire que ça joue, les percus claquent, la basse est funky en diable, les cuivres rugissent et les choeurs féminins poussent les morceaux comme on souffle sur la braise !

Moins diluée dans l’ Occident, sa musique me semble plus authentique que celle des dernières productions de Rokia. Surtout quand on écoute Oumou, on écoute le coeur malien, généreux, joyeux, on a envie de danser, on ressent l’appel de la transe car il y a du Fela Kuti dans cette maîtresse femme ! Allez vous bronzer un peu les oreilles du coté de Bamako, vous m’en direz des nouvelles !

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Autre transe, autre ambiance, on part dans le désert avec les bluesmen touaregs de Tinariwen.

Ces nobles guerriers du nord du Mali ont déposé les armes et repris leurs guitares pour chanter l’âme, la poésie, la révolte du peuple touareg.

Le rythme est chaloupé, on avance à la vitesse des caravanes sahariennes, peu à peu la musique hypnotise, les guitares lancinantes sont accompagnées de mots aux sonorités mystérieuses. On y est, on est dans ce désert guidés par les percussions, battements de cœur d’un peuple qui avance de points d’eaux en points d’eaux, « Aman Iman » « L’eau c’est la vie » dit le proverbe touareg, titre de ce magnifique troisième album de Tinariwen.

Aman Iman de Tinariwen chez Emma Productions.

La chanson titre de l’album représente bien dans ses paroles toute la poésie des peuples nomades :

Awa didjen inf’iman
Ce qui est advenu ne convient pas
Nere idaran illa imarhan
à l’âme de quiconque est vivant et compte des êtres chers
Ed tofouk d’adhou d’assel awen
Ni le soleil ni le vent ni autre chose
Arené sarsan ibba n’aman
Ne sont pires que le manque d’eau
Aïtma nin kel Tamashek tidit iyat atefarat
Mes frères kel Tamashek il existe une vérité cache
Ta tamossat tan Tamashek
La langue Tamashek
Tidit iyat timakhorat arou tendal darh tiyarat
Une grande vérité enterrée dans le désert depuis longtemps
Amoud fallas aljahlat
Et sur laquelle l’ignorance a prié une dernière fois.

 

 

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